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VictorHugo, c. 1870. « L’Expiation » est un poème de la forme alexandrin qui se situe au centre de la collection des poèmes, Les Châtiments. Cette collection est écrite en 1852, et « l’Expiation » est un poème épique qui parle de la défaite et retraite de Napoléon I. Après le coup d’état de Napoléon III du 2 décembre 1851
Lâpre attendrissement qui dors sous ta colère. Ton long regard de haine à tous les inhumains. Et les pieds des enfants réchauffés dans tes mains ; Ceux-la, femme, devant ta majesté farouche. Méditaient, et malgré l’amer pli de ta bouche. Malgré le maudisseur qui, s’acharnant sur toi.
ParAmélie Vioux. Voici un résumé et une analyse (fiche de lecture) des livres I à IV des Contemplations de Victor Hugo. Les Contemplations (1856) forment un recueil d’une grande richesse puisqu’elles font voir vingt-six années de la vie de Victor Hugo. Comme le poète l’indique dans sa préface, il s’agit des « Mémoires d’une
Lintention poursuivie de l’auteur devient du coup plus claire : la vie a des hauts et des bas, elle peut même sembler parfaite ; finalement c’est quand-même la mort qui nous capte tous. On vient juste de voir que la mort représente un trou et qu’elle est la phrase conclusive de la
Hugoa composé une oeuvre gigantesque qui témoigne de nombreux engagements personnels. Poète militant, il s’est préoccupé tout au long de sa vie du sort des misérables et à lutter contre toutes formes d’injustices sociales. En 1856, Victor Hugo publie MELANCHOLIA, poème en alexandrins, extrait des contemplations.
nonton love marriage and divorce season 3 dramaqu. La belle Léopoldine Hugo, le jour de sa communion. Un visage juvénile, un port altier... La fille de Victor Hugo espérait, elle aussi, vivre de ses écrits. Peinture de Auguste de Châtillon en 1836. Victor Hugo est un auteur prolifique, qui a exploré quasiment tous les genres le roman, le théâtre et la poésie. Chef de file du mouvement romantique, il revendique une complète liberté dans l'art et s'insurge face aux règles classiques qui étouffent le processus créatif. Son génie est d'avoir réussi à être le témoin d'une époque et la voix d'une nation à travers des oeuvres littéraires aujourd'hui mondialement reconnues. Du côté de la poésie, Hugo est très attaché au lyrisme. Il use d'une grande sensibilité romantique à la nature, au temps et voit le poète comme un être capable de déchiffrer les choses cachées du monde. Demain, dès l'aube...» est l'un des plus célèbres poèmes de Victor Hugo. Il est publié en 1856 dans le célèbre recueil poétique Les Contemplations » et n'a, originellement, pas de titre. Poème XIV de Pauca meae » Quelques vers pour ma fille, il figure dans le quatrième livre des Contemplations. L'origine de ce poème L'origine de ce poème est malheureusement assez tragique. Victor Hugo s'inspire, ici, d'une histoire vraie et personnelle pour créer ces quelques vers. Le 4 septembre 1843, Charles Vacquerie, le mari de Léopoldine Hugo la fille de Victor Hugo doit se rendre à Caudebec pour un rendez-vous important. Il s'y rend avec son oncle et son cousin Pierre et Arthur Vacquerie en canot de course. Si Léopoldine déclina la première invitation, elle finit par s'y rendre avec eux. Malheureusement, sur la route de retour, les 4 membres de la famille furent surpris par un tourbillon de vent qui fît complètement chavirer le bateau. Léopoldine, son mari, l'oncle et le cousin Vacquerie sont morts dans ce tragique accident. Cette épreuve fut terrible pour Victor Hugo qui était profondément attaché à sa jeune fille. Cette douleur, il la sublime dans le présent poème. Dates Actions 28 août 1824Naissance de Léopoldine Hugo. Elle est la fille aînée de Victor Hugo et d'Adèle Foucher. 15 février 1843 Très courtisée pour sa beauté et son intelligence, Léopoldine finit par épouser Charles Vacquerie. Mais ce mariage n'aura pas eu le temps de perdurer... 4 septembre 1843Les deux amants, accompagnés de deux membres de la famille de Charles, finissent noyés après un accident en canot. L'épreuve du deuil est terrible à supporter pour Victor Hugo et Adèle Foucher... 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Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe, Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur, Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur. La forme Demain, dès l'aube » est un poème composé de trois strophes de quatre vers chacune. Ces vers sont composés de 12 pieds, ce sont donc des alexandrins ternaires trimètres romantiques et binaires en rimes croisées ABAB. Cet effet stylistique crée un rythme à la lecture le lecteur doit respecter la ponctuation, avec des césures qui divisent le vers en deux hémistiches. La tonalité À la lecture de ce poème, vous ressentirez très certainement une profonde tristesse. Le champ lexical de la solitude et de la douleur est omniprésent, on y voit Hugo seul face au monde et à sa peine. L'atmosphère générale est aussi celle de l'obscurité forêt », campagne », nuit », soir »... L'ambiance est morose, même l'espace semble être empli de chagrin. Les procédés stylistiques vus en cours de francais mettent en lumière cette tristesse incontrôlable. Les rimes croisées jouent sur le sens des mots le verbe "tomber" du vers 9 renvoie à la "tombe" du vers 11... La chute renvoie à la mort. L'analyse du poème Passons désormais à l'analyse du poème. On distingue trois strophes différentes, chacune agissant comme un nouveau tournant dans le récit. En quoi ce poème sublime-t-il les retrouvailles entre Hugo et sa fille Léopoldine ? I. Un long voyage vers où ? L'indication temporelle Le premier vers fait référence au départ imminent du narrateur. Ce départ, il l'annonce en trois temps différents Demain » 2 syllabes dès l'aube » 2 syllabes à l'heure où blanchit la campagne » 8 syllabes Par là, le narrateur introduit son intention de partir et l'annonce avec l'heure et le moment exact où il le fera. Ce voyage ne se terminera qu'au vers 9, lorsque la journée se termine l'or du soir qui tombe ». Ainsi, ce voyage dure une journée entière et se déroule sans aucune interruption. L'indication spatiale La nature prend une place importante au sein du poème. Hugo attache une certaine importance à révéler le paysage, sans pour autant s'attarder sur les détails de celui-ci. Cela donne lieu à une énumération assez sommaire des lieux qu'il dépasse la campagne », la forêt », la montagne ». Dans les deux premières strophes, le paysage semble donc assez sauvage, bien que les éléments que nous ayons à disposition restent vagues. À partir de la strophe 3, un changement de paysage s'opère Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur ». En citant une commune normande, Hugo ancre le poème dans le réel. Fini la campagne et la forêt, nous sommes désormais face à l'eau. Ce chemin aux mille paysages agit également comme un symbole celui de l'homme prêt à affronter vents et marées pour retrouver celle qu'il aime... Et qu'il a tragiquement perdue. La petite commune normande de Harfleur, lieu cité par Hugo dans son célèbre poème Demain, dès l'aube... ». La détermination du voyageur Le voyageur indique son intention de se mettre en mouvement grâce à plusieurs verbes d'action conjugués au futur simple Je partirai » J'irai » Je marcherai » J'arriverai » L'itinéraire est clairement énoncé et chaque verbe marque l'évolution de celui-ci, du départ jusqu'à l'arrivée. À chaque strophe se trouve ces verbes qui marquent une nouvelle étape on retrouve je partirai » et j'irai » dans la première strophe, qui indiquent l'intention du mouvement ; je marcherai » qui souligne la mise en mouvement ; et enfin j'arriverai » qui traduit la fin de l'action et le but réalisé. Cette répétition de verbe a pour effet de souligner la détermination sans faille du voyageur, qui a déjà intellectualisé les différentes étapes et qui sait pertinemment où il va. II. L'expression des sentiments alliance des registres lyriques et pathétiques Demain, dès l'aube... » est un poème rédigé à la première personne, première personne qui s'oppose continuellement au pronom personnel tu ». Dans le cas présent, Victor Hugo investit le Je » et Léopoldine est le Tu ». Pour le poète, il est question de s'adresser directement à sa fille défunte le poème devient un prétexte pour lui parler, pour se livrer à elle. Ce dessein est à proprement parler lyrique, l'auteur cherche à exprimer ses sentiments à travers le texte. Mais quels sont les sentiments que nous retrouvons le plus tout au long du poème ? La solitude Ce voyage est celui d'un pèlerin, seul face au chemin qu'il décide d'emprunter. Cette solitude se traduit à plusieurs moments dans le texte et est un thème romantique celui du moi profond confronté à ses sentiments et, notamment, à sa mélancolie. Léopoldine et son mari, Charles Vacquerie, dessinés par la mère de Léopoldine, Adèle Foucher, en 1843. Les deux amants resteront, à jamais, inséparables... Ici, le champ lexical de l'absence est omniprésent loin de toi » sans rien » aucun » seul » Cela traduit la solitude totale du poète et le vide qu'il ressent au fond de lui suite à la disparition de sa fille. Même l'univers semble avoir disparu Hugo est livré à lui-même dans ce drame. Mais cette solitude a un effet bien plus tragique puisqu'elle mène à la dépersonnalisation du narrateur inconnu » De plus, le poète est complètement indifférent au monde extérieur, il est seul dans sa bulle Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit ... Triste, et le jour sera pour moi comme la nuit Il ne fait plus la différence entre les paysages, ne se soucie plus du temps ni de l'espace. Sa solitude est totale. La tristesse Cette solitude s'accompagne d'une tristesse voire d'une réelle souffrance du narrateur. Face à cela, le lecteur ne peut qu'éprouver de la compassion pour Hugo c'est toute la force du registre pathétique. La douleur est ici physique et morale, elle est omniprésente, omnipotente, elle englobe littéralement le poète Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées / Triste Le rejet du mot Triste » au vers suivant a pour effet d'accentuer la douleur ressentie. Par ailleurs, cette tristesse se lit également dans le procédé stylistique employé celui de l'accumulation. La juxtaposition des mots, séparés par une virgule, renforce le poids de la douleur. III. La mort n'est pas une fin mais un renouveau Entre présence et absence le dialogue avec la mort prend vie La mort de sa fille Léopoldine, âgée seulement de 19 ans, a bouleversé la vie d'Hugo. Cet évènement a eu pour conséquence de faire réfléchir l'auteur au sujet de la mort, au sujet de l'après. Comment continuer un dialogue avec un être défunt ? Comment parvenir à trouver une présence dans l'absence ? Dans ce poème, Victor Hugo joue avec les pronoms je » et tu » afin de rendre son interlocutrice vivante et présente, d'où la confusion parfois sur l'intention de ce poème. À la première lecture, on pourrait penser que le narrateur parle d'une femme aimée et se prépare pour une rencontre amoureuse. En réalité, ce poème est entièrement destiné à sa fille, qu'il cherche à retrouver. Pour rendre à Léopoldine toute sa présence, Hugo utilise le présent d'actualité Léopoldine est bien réelle, il pourrait presque la toucher. Serait-ce de sa part un déni ? L'une des étapes du deuil ? Possible... De plus, la jeune fille brille par sa présence en ce que tout ce qui a autour du narrateur est inconsistant. Les paysages et le temps n'ont strictement aucune importance, aucune valeur seul compte ce tu » à qui un je » omniprésent s'adresse sans relâche. Quand bien même le narrateur ne s'adresse pas directement à la jeune fille, il ne pense qu'à elle. La négation, très présente dans ce texte, marque cet aspect il n'y a qu'elle, en réalité et dans ses pensées. Ainsi, se révèle à nous une contradiction déroutante les paysages sensibles sont niés alors que bien présents et l'insensible est révélé alors que foncièrement absent. C'est toute la force des mots pouvoir faire revivre les morts. Immortelle Léopoldine ? Le dernier vers constitue une analyse à lui seul. Victor Hugo utilise deux images très symbolique le houx et la bruyère. Le houx vert ne perd jamais sa couleur, il reste intacte toute l'année. Il est reconnu pour porter bonheur. La bruyère est, quant à elle, toujours en fleur. Elle vit perpétuellement et ne meurt jamais. Grâce à ces deux images, Victor Hugo souhaite célébrer la vie éternelle de sa fille. Léopoldine demeura immortelle, dans son esprit et dans ses écrits. Grâce à ce récit, lyrique et romantique, sa fille ne pourra jamais être oubliée. L'éternité de l'homme passe indéniablement par la postérité des écrits. Conclusion Epitaphe de la tombe où reposent Léopoldine et son mari, Charles. Ici, Victor Hugo viendra déposer le houx vert et la bruyère toujours en fleur... Ce poème est une vraie déclaration d'amour à Léopoldine Hugo, tragiquement disparue. Pour Victor Hugo, cela va bien au-delà d'une simple expression de ses sentiments il livre, ici, une incantation. Il souhaiterait pouvoir la voir à nouveau, la tenir dans ses bras. Pour cela, il est prêt à tout, à commencer par entamer ce voyage pour la retrouver. Paysages, sentiments, solitude, nature les thématiques romantiques sont toutes réunies. Toutefois, l'auteur offre ce poème d'une façon pudique il n'y a pas d'épanchement, juste de la sincérité, de l'amour et l'expression intime de la douleur de son deuil. Pour Hugo, il n'est pas question de tout montrer mais de suggérer la peine, la souffrance, le manque. À l'image de sa fille, Hugo a choisi de rester dans une réserve touchante mais puissante. Ce plein d'émotions que l'on lit entre les lignes, nous donne l'envie de continuer à lire les écrits de ce génie et de découvrir, un peu plus, l'homme qu'il était. Plongez-vous sans attendre dans ce poème, ode aux retrouvailles espérées.
On vit, on parle, on a le ciel et les nuages Sur la tête ; on se plaît aux livres des vieux sages ; On lit Virgile et Dante ; on va joyeusement En voiture publique à quelque endroit charmant, En riant aux éclats de l’auberge et du gîte ; Le regard d’une femme en passant vous agite ; On aime, on est aimé, bonheur qui manque aux rois ! On écoute le chant des oiseaux dans les bois Le matin, on s’éveille, et toute une famille Vous embrasse, une mère, une soeur, une fille ! On déjeune en lisant son journal. Tout le jour On mêle à sa pensée espoir, travail, amour ; La vie arrive avec ses passions troublées ; On jette sa parole aux sombres assemblées ; Devant le but qu’on veut et le sort qui vous prend, On se sent faible et fort, on est petit et grand ; On est flot dans la foule, âme dans la tempête ; Tout vient et passe ; on est en deuil, on est en fête ; On arrive, on recule, on lutte avec effort… Puis, le vaste et profond silence de la mort ! Voter pour ce poème!
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L’homme en songeant descend au gouffre près du dolmen qui domine Rozel,À l’endroit où le cap se prolonge en presqu’ spectre m’attendait ; l’être sombre et tranquilleMe prit par les cheveux dans sa main qui grandit,M’emporta sur le haut du rocher, et me dit Sache que tout connaît sa loi, son but, sa route ;Que, de l’astre au ciron, l’immensité s’écoute ;Que tout a conscience en la création ;Et l’oreille pourrait avoir sa vision,Car les choses et l’être ont un grand parle, l’air qui passe et l’alcyon qui vogue,Le brin d’herbe, la fleur, le germe, l’ donc l’univers autrement ?Crois-tu que Dieu, par qui la forme sort du nombre,Aurait fait à jamais sonner la forêt sombre,L’orage, le torrent roulant de noirs limons,Le rocher dans les flots, la bête dans les monts,La mouche, le buisson, la ronce où croît la mûre,Et qu’il n’aurait rien mis dans l’éternel murmure ?Crois-tu que l’eau du fleuve et les arbres des bois,S’ils n’avaient rien à dire, élèveraient la voix ?Prends-tu le vent des mers pour un joueur de flûte ?Crois-tu que l’océan, qui se gonfle et qui lutte,Serait content d’ouvrir sa gueule jour et nuitPour souffler dans le vide une vapeur de bruit,Et qu’il voudrait rugir, sous l’ouragan qui vole,Si son rugissement n’était une parole ?Crois-tu que le tombeau, d’herbe et de nuit vêtu,Ne soit rien qu’un silence ? et te figures-tuQue la création profonde, qui composeSa rumeur des frissons du lys et de la rose,De la foudre, des flots, des souffles du ciel bleu,Ne sait ce qu’elle dit quand elle parle à Dieu ?Crois-tu qu’elle ne soit qu’une langue épaissie ?Crois-tu que la nature énorme balbutie,Et que Dieu se serait, dans son immensité,Donné pour tout plaisir, pendant l’éternité,D’entendre bégayer une sourde-muette ?Non, l’abîme est un prêtre et l’ombre est un poëte ;Non, tout est une voix et tout est un parfum ;Tout dit dans l’infini quelque chose à quelqu’un ;Une pensée emplit le tumulte n’a pas fait un bruit sans y mêler le comme toi, gémit ou chante comme moi ;Tout parle. Et maintenant, homme, sais-tu pourquoiTout parle ? Écoute bien. C’est que vents, ondes, flammesArbres, roseaux, rochers, tout vit !Tout est plein d’ comment ? Oh ! voilà le mystère tu ne t’es pas en route évanoui, n’a créé que l’être le fit radieux, beau, candide, adorable,Mais imparfait ; sans quoi, sur la même hauteur,La créature étant égale au créateur,Cette perfection, dans l’infini perdue,Se serait avec Dieu mêlée et confondue,Et la création, à force de clarté,En lui serait rentrée et n’aurait pas création sainte où rêve le prophète,Pour être, ô profondeur ! devait être Dieu fit l’univers, l’univers fit le créé, paré du rayon baptismal,En des temps dont nous seuls conservons la mémoire,Planait dans la splendeur sur des ailes de gloire ;Tout était chant, encens, flamme, éblouissement ;L’être errait, aile d’or, dans un rayon charmant,Et de tous les parfums tour à tour était l’hôte ;Tout nageait, tout la première fauteFut le premier sentit une poids prit une forme, et, comme l’oiseleurFuit emportant l’oiseau qui frissonne et qui lutte,Il tomba, traînant l’ange éperdu dans sa mal était fait. Puis, tout alla s’aggravant ;Et l’éther devint l’air, et l’air devint le vent ;L’ange devint l’esprit, et l’esprit devint l’ tomba, des maux multipliant la somme,Dans la brute, dans l’arbre, et même, au-dessous d’eux,Dans le caillou pensif, cet aveugle vils qu’à regret les anges énumèrent !Et de tous ces amas des globes se formèrent,Et derrière ces blocs naquit la sombre mal, c’est la matière. Arbre noir, fatal réfléchis-tu pas lorsque tu vois ton ombre ?Cette forme de toi, rampante, horrible, sombre,Qui liée à tes pas comme un spectre vivant,Va tantôt en arrière et tantôt en avant,Qui se mêle à la nuit, sa grande sœur funeste,Et qui contre le jour, noire et dure, proteste,D’où vient-elle ? De toi, de ta chair, du limonDont l’esprit se revêt en devenant démon ;De ce corps qui, créé par ta faute première,Ayant rejeté Dieu, résiste à la lumière ;De ta matière, hélas ! de ton ombre dit — Je suis l’être d’infirmité ;Je suis tombé déjà ; je puis tomber encore. —L’ange laisse passer à travers lui l’aurore ;Nul simulacre obscur ne suit l’être aromal ;Homme, tout ce qui fait de l’ombre a fait le c’est ici le rocher fatidique,Et je vais t’expliquer tout ce que je t’indique ;Je vais t’emplir les yeux de nuit et de front triste, aux funèbres vent d’en haut sur moi passe, et, ce qu’il m’arrache,Je te le jette ; prends, et d’abord, sacheQue le monde où tu vis est un monde effrayantDevant qui le songeur, sous l’infini ployant,Lève les bras au ciel et recule soleil est lugubre et ta terre est habitez le seuil du monde vous n’êtes pas hors de Dieu complétement ;Dieu, soleil dans l’azur, dans la cendre étincelle,N’est hors de rien, étant la fin universelle ;L’éclair est son regard, autant que le rayon ;Et tout, même le mal, est la création,Car le dedans du masque est encor la figure.— Ô sombre aile invisible à l’immense envergure !Esprit ! esprit ! esprit ! m’écriai-je spectre poursuivit sans m’avoir entendu Faisons un pas de plus dans ces choses tu veux, tu fais, tu construis et tu fondes,Et tu dis — Je suis seul, car je suis le n’a que moi dans sa morne deçà, c’est la nuit ; au-delà, c’est le est un œil que la science moi qui suis la fin et qui suis le sommet. —Voyons ; observes-tu le bœuf qui se soumet ?Écoutes-tu le bruit de ton pas sur les marbres ?Interroges-tu l’onde ? et, quand tu vois des arbres,Parles-tu quelquefois à ces religieux ?Comme sur le versant d’un mont prodigieux,Vaste mêlée aux bruits confus, du fond de l’ombre,Tu vois monter à toi la création rocher est plus loin, l’animal est plus le faîte altier et vivant, tu parais !Mais, dis, crois-tu que l’être illogique nous trompe ?L’échelle que tu vois, crois-tu qu’elle se rompe ?Crois-tu, toi dont les sens d’en haut sont éclairés,Que la création qui, lente et par degrés,S’élève à la lumière, et, dans sa marche entière,Fait de plus de clarté luire moins de matièreEt mêle plus d’instincts au monstre décroissant,Crois-tu que cette vie énorme, remplissantDe souffles le feuillage et de lueurs la tête,Qui va du roc à l’arbre et de l’arbre à la bête,Et de la pierre à toi monte insensiblement,S’arrête sur l’abîme à l’homme, escarpement ?Non, elle continue, invincible, admirable,Entre dans l’invisible et dans l’impondérable,Y disparaît pour toi, chair vile, emplit l’azurD’un monde éblouissant, miroir du monde obscur,D’êtres voisins de l’homme et d’autres qui s’éloignent,D’esprits purs, de voyants dont les splendeurs témoignent,D’anges faits de rayons comme l’homme d’instincts ;Elle plonge à travers les cieux jamais atteints,Sublime ascension d’échelles étoilées,Des démons enchaînés monte aux âmes ailées,Fait toucher le front sombre au radieux orteil,Rattache l’astre esprit à l’archange soleil,Relie, en traversant des millions de lieues,Les groupes constellés et les légions bleues,Peuple le haut, le bas, les bords et le milieu,Et dans les profondeurs s’évanouit en Dieu !Cette échelle apparaît vaguement dans la vieEt dans la mort. Toujours les justes l’ont gravie Jacob en la voyant, et Caton sans la échelons sont deuil, sagesse, exil, cette échelle vient de plus loin que la qu’elle commence aux mondes du mystère,Aux mondes des terreurs et des perditions ;Et qu’elle vient, parmi les pâles visions,Du précipice où sont les larves et les crimes,Où la création, effrayant les abîmes,Se prolonge dans l’ombre en spectre au-dessous du globe où vit l’homme banni,Hommes, plus bas que vous, dans le nadir livide,Dans cette plénitude horrible qu’on croit vide,Le mal, qui par la chair, hélas ! vous asservit,Dégorge une vapeur monstrueuse qui vit !Là sombre et s’engloutit, dans des flots de désastres,L’hydre Univers tordant son corps écaillé d’astres ;Là, tout flotte et s’en va dans un naufrage obscur ;Dans ce gouffre sans bord, sans soupirail, sans mur,De tout ce qui vécut pleut sans cesse la cendre ;Et l’on voit tout au fond, quand l’œil ose y descendre,Au delà de la vie, et du souffle et du bruit,Un affreux soleil noir d’où rayonne la nuit !Donc, la matière pend à l’idéal, et tireL’esprit vers l’animal, l’ange vers le satyre,Le sommet vers le bas, l’amour vers l’ le grand qui croule elle fait le de tant d’azur tant de terreur s’engendre,Comment le jour fait l’ombre et le feu pur la cendre,Comment la cécité peut naître du voyant,Comment le ténébreux descend du flamboyant,Comment du monstre esprit naît le monstre matière,Un jour, dans le tombeau, sinistre vestiaire,Tu le sauras ; la tombe est faite pour savoir ;Tu verras ; aujourd’hui tu ne peux qu’entrevoir ;Mais, puisque Dieu permet que ma voix t’avertisse,Je te d’abord, qu’est-ce que la justice ?Qui la rend ? qui la fait ? où ? quand ? à quel moment ?Qui donc pèse la faute ? et qui le châtiment ?L’être créé se meurt dans la lumière il sait où le bien cesse, où le mal commence ;Il a ses actions pour suffitQu’il soit méchant ou bon ; tout est dit. Ce qu’on fit,Crime, est notre geôlier, ou, vertu, nous ouvre à son insu de lui-même le livre ;Sa conscience calme y marque avec le doigtCe que l’ombre lui garde ou ce que Dieu lui agit, et l’on gagne ou l’on perd à mesure ;On peut être étincelle ou bien éclaboussure ;Lumière ou fange, archange au vol d’aigle ou bandit ;L’échelle vaste est là. Comme je te l’ai dit,Par des zones sans fin la vie universelleMonte, et par des degrés innombrables ruisselle,Depuis l’infâme nuit jusqu’au charmant en la traversant devient mauvais ou haut plane la joie ; en bas l’horreur se que l’âme, aimante, humble, bonne, sereine,Aspire à la lumière et tend vers l’idéal,Ou s’alourdit, immonde, au poids croissant du mal,Dans la vie infinie on monte et l’on s’élance,Ou l’on tombe ; et tout être est sa propre ne nous juge point. Vivant tous à la fois,Nous pesons, et chacun descend selon son ! nous n’approchons que les paupières closesDe ces immensités d’en si tu l’oses !Regarde dans ce puits morne et vertigineux,De la création compte les sombres nœuds,Viens, vois, sonde Au-dessous de l’homme qui contemple,Qui peut être un cloaque ou qui peut être un temple,Être en qui l’instinct vit dans la raison dissous,Est l’animal courbé vers la terre ; au-dessousDe la brute est la plante inerte, sans paupièreEt sans cris ; au-dessous de la plante est la pierre ;Au-dessous de la pierre est le chaos sans dans cette ombre et sois mon faute qu’on fait est un cachot qu’on s’ mauvais, ignorant quel mystère les couvre,Les êtres de fureur, de sang, de trahison,Avec leurs actions bâtissent leur prison ;Tout bandit, quand la mort vient lui toucher l’épauleEt l’éveille, hagard, se retrouve en la geôleQue lui fit son forfait derrière lui rampant ;Tibère en un rocher, Séjan dans un marche sans voir ce qu’il fait dans l’ pâlirait s’il voyait sa victime ;C’est lui. L’oppresseur vil, le tyran, sombre fou,En frappant sans pitié sur tous, forge le clouQui le clouera dans l’ombre au fond de la tombeaux sont les trous du crible cimetière,D’où tombe, graine obscure en un ténébreux champ,L’effrayant tourbillon des méchantFait naître en expirant le monstre de sa vie,Qui le saisit. L’horreur par l’horreur est gronde enfermé dans la montagne à pic ;Quand Dalila descend dans la tombe, un aspicSort des plis du linceul, emportant l’âme fausse ;Phryné meurt, un crapaud saute hors de la fosse ;Ce scorpion au fond d’une pierre dormant,C’est Clytemnestre aux bras d’Égisthe son amant ;Du tombeau d’Anitus il sort une ciguë ;Le houx sombre et l’ortie à la piqûre aiguëPleurent quand l’aquilon les fouette, et l’aquilonLeur dit Tais-toi, Zoïle ! et souffre, Ganelon !Dieu livre, choc affreux dont la plaine au loin gronde,Au cheval Brunehaut le pavé Frédégonde ;La pince qui rougit dans le brasier hideuxEst faite du duc d’Albe et de Philippe deux ;Farinace est le croc des noires boucheries ;L’orfraie au fond de l’ombre a les yeux de Jeffryes ;Tristan est au secret dans le bois d’un tombent dans la mort tous ces brigands, Macbeth,Ezzelin, Richard trois, Carrier, Ludovic Sforce,La matière leur met la chemise de ! comme en son bonheur, qui masque un sombre arrêt,Messaline ou l’horrible Isabeau frémirait,Si, dans ses actions du sépulcre voisines,Cette femme sentait qu’il lui vient des racines,Et qu’ayant été monstre, elle deviendra fleur !À chacun son forfait ! à chacun sa douleur !Claude est l’algue que l’eau traîne de havre en havre ;Xercès est excrément, Charles neuf est cadavre ;Hérode, c’est l’osier des berceaux vagissants ;L’âme du noir Judas, depuis dix-huit cents ans,Se disperse et renaît dans les crachats des hommes ;Et le vent qui jadis soufflait sur les SodomesMêle, dans l’âtre abject et sous le vil chaudron,La fumée Érostrate à la flamme tout, bête, arbre et roche, étant vivant sur terre,Tout est monstre, excepté l’homme, esprit que sa noirceur chasse du firmamentDescend dans les degrés divers du châtimentSelon que plus ou moins d’obscurité la en est la prison, la bête en est le bagne,L’arbre en est le cachot, la pierre en est l’ ciel d’en haut, le seul qui soit splendide et clair,La suit des yeux dans l’ombre, et, lui jetant l’aurore,Tâche, en la regardant, de l’attirer chute ! dans la bête, à travers les barreauxDe l’instinct obstruant de pâles soupiraux,Ayant encor la voix, l’essor et la prunelle,L’âme entrevoit de loin la lueur éternelle ;Dans l’arbre elle frissonne, et, sans jour et sans yeux,Sent encor dans le vent quelque chose des cieux ;Dans la pierre elle rampe, immobile, muette,Ne voyant même plus l’obscure silhouetteDu monde qui s’éclipse et qui s’évanouit,Et face à face avec son crime dans la en ces trois cachots traîne sa faute elle en a la forme, elle en a la mémoire ;Elle sait ce qu’elle est ; et, tombant sans appuis,Voit la clarté décroître à la paroi du puits ;Elle assiste à sa chute, et, dur caillou qui roule,Pense Je suis Octave ; et, vil chardon qu’on foule,Crie au talon Je suis Attila le géant ;Et, ver de terre au fond du charnier, et rongeantUn crâne infect et noir, dit Je suis hibou, malgré l’aube, ours, en bravant le pâtre,Elle accomplit la loi qui l’enchaîne d’en haut ;Pierre, elle écrase ; épine, elle pique ; il le monstre est enfermé dans son horreur aurait beau vouloir dépouiller l’épouvante ;Il faut qu’il reste horrible et reste châtié ;Ô mystère ! le tigre a peut-être pitié !Le tigre sur son dos, qui peut-être eut une aile,À l’ombre des barreaux de la cage éternelle ;Un invisible fil lie aux noirs échafaudsLe noir corbeau dont l’aile est en forme de faulx ;L’âme louve ne peut s’empêcher d’être le monstre est tenu, sous le ciel qui l’éprouve,Dans l’expiation par la sans la comprendre et d’un œil hébété,L’Inde a presque entrevu cette ronce devient griffe, et la feuille de roseDevient langue de chat, et, dans l’ombre et les cris,Horrible, lèche et boit le sang de la souris ;Qui donc connaît le monstre appelé mandragore ?Qui sait ce que, le soir, éclaire le fulgore,Être en qui la laideur devient une clarté ?Ce qui se passe en l’ombre où croît la fleur d’étéEfface la terreur des antiques effrayants ! cavernes sur obscure du mal, du crime et du remord !Donc, une bête va, vient, rugit, hurle, mord ;Un arbre est là, dressant ses branches hérissées,Une dalle s’effondre au milieu des chausséesQue la charrette écrase et que l’hiver détruit,Et, sous ces épaisseurs de matière et de nuit,Arbre, bête, pavé, poids que rien ne soulève,Dans cette profondeur terrible, une âme rêve !Que fait-elle ? Elle songe à Dieu !Fatalité !Échéance ! retour ! revers ! autre côté !Ô loi ! pendant qu’assis à table, joyeux groupes,Les pervers, les puissants, vidant toutes les coupes,Oubliant qu’aujourd’hui par demain est guetté,Étalent leur mâchoire en leur folle gaîté,Voilà ce qu’en sa nuit muette et colossale,Montrant comme eux ses dents tout au fond de la salle,Leur réserve la mort, ce sinistre rieur !Nous avons, nous, voyants du ciel supérieur,Le spectacle inouï de vos régions songeur, fallait-il qu’en ces nuits tu tombasses !Nous écoutons le cri de l’immense d’un rocher, d’un loup ou d’une fleur,Parfois nous apparaît l’âme à mi-corps sortie,Pauvre ombre en pleurs qui lutte, hélas ! presque engloutie ;Le loup la tient, le roc étreint ses pieds qu’il tord,Et la fleur implacable et féroce la entendons le bruit du rayon que Dieu lance,La voix de ce que l’homme appelle le silence,Et vos soupirs profonds, cailloux désespérés !Nous voyons la pâleur de tous les fronts travers la matière, affreux caveau sans portes,L’ange est pour nous visible avec ses ailes assistons aux deuils, au blasphème, aux regrets,Aux fureurs ; et, la nuit, nous voyons les forêts,D’où cherchent à s’enfuir les larves enfermées,S’écheveler dans l’ombre en lugubres partout, partout ! dans les flots, dans les bois,Dans l’herbe en fleur, dans l’or qui sert de sceptre aux rois,Dans le jonc dont Hermès se fait une baguette,Partout, le châtiment contemple, observe ou guette,Sourd aux questions, triste, affreux, pensif, hagard ;Et tout est l’œil d’où sort ce terrible châtiment ! dédale aux spirales funèbres !Construction d’en bas qui cherche les ténèbres,Plonge au-dessous du monde et descend dans la nuit,Et, Babel renversée, au fond de l’ombre fuit !L’homme qui plane et rampe, être crépusculaire,En est le est clémence et colère ;Fond vil du puits, plateau radieux de la tour ;Degré d’en haut pour l’ombre, et d’en bas pour le y descend, la bête après la mort y monte ;Pour la bête, il est gloire, et, pour l’ange, il est honte ;Dieu mêle en votre race, hommes infortunés,Les demi-dieux punis aux monstres là vient que parfois, mystère que Dieu mène !On entend d’une bouche en apparence humaineSortir des mots pareils à des rugissements,Et que, dans d’autres lieux et dans d’autres moments,On croit voir sur un front s’ouvrir des ailes d’ forçat, l’homme, esprit, pense, et, matière, en lui ne se peut dresser sur son comme la brute abreuvé de néant,Vide toutes les nuits le verre noir du chaîne de l’enfer, liée au pied de l’homme,Ramène chaque jour vers le cloaque impurLa beauté, le génie, envolés dans l’azur,Mêle la peste au souffle idéal des poitrines,Et traîne, avec Socrate, Aspasie aux un côté pourtant l’homme est monstre a le carcan, l’homme a la retiens ceci l’homme est un est une prison où l’âme reste dans l’homme, agit, fait le bien, fait le mal,Remonte vers l’esprit, retombe à l’animal ;Et pour que, dans son vol vers les cieux, rien ne lieSa conscience ailée et de Dieu seul remplie,Dieu, quand une âme éclôt dans l’homme au bien poussé,Casse en son souvenir le fil du passé ;De là vient que la nuit en sait plus que l’ monstre se connaît lorsque l’homme s’ monstre est la souffrance, et l’homme est l’ est l’unique point de la créationOù, pour demeurer libre en se faisant meilleure,L’âme doive oublier sa vie ! au seuil de tout l’esprit rêve ne voit pas Dieu, mais peut aller à lui,En suivant la clarté du bien, toujours présente ;Le monstre, arbre, rocher ou bête rugissante,Voit Dieu, c’est là sa peine, et reste enchaîné a l’amour pour aile, et pour joug le est sur ce qu’il voit par lui-même semée ;La nuit sort de son œil ainsi qu’une fumée ;Homme, tu ne sais rien ; tu marches, pâlissant !Parfois le voile obscur qui te couvre, ô passant,S’envole et flotte au vent soufflant d’une autre sphère,Gonfle un moment ses plis jusque dans la lumière,Puis retombe sur toi, spectre, et redevient mages, tes penseurs ont essayé de voir ;Qu’ont-ils vu ? qu’ont-ils fait ? qu’ont-ils dit, ces fils d’Ève ? ! autour de toi la création êtres inconnus t’entourent dans ton vas, tu viens, tu dors sous leur regard obscur,Et tu ne les sens pas vivre autour de ta une légion d’âmes t’est asservie ;Pendant qu’elle te plaint, tu la foules aux tes pas vers le jour sont par l’ombre que tu nommes chose, objet, nature morte,Sait, pense, écoute, entend. Le verrou de ta porteVoit arriver ta faute et voudrait se vitre connaît l’aube, et dit Voir ! croire ! aimer !Les rideaux de ton lit frissonnent de tes les mauvais desseins quand, rêveur, tu te plonges,La cendre dit au fond de l’âtre sépulcral Regarde-moi ; je suis ce qui reste du ! l’homme imprudent trahit, torture, bête en son enfer voit les deux bouts du crime ;Un loup pourrait donner des conseils à ! homme ! aigle aveuglé, moindre qu’un moucheron !Pendant que dans ton Louvre ou bien dans ta chaumièreTu vis, sans même avoir épelé la premièreDes constellations, sombre alphabet qui luitEt tremble sur la page immense de la nuit,Pendant que tu maudis et pendant que tu nies,Pendant que tu dis Non ! aux astres ; aux génies Non ! à l’idéal Non ! à la vertu Pourquoi ?Pendant que tu te tiens en dehors de la loi,Copiant les dédains inquiets ou robustesDe ces sages qu’on voit rêver dans les vieux bustes,Et que tu dis Que sais-je ? amer, froid, mécréant,Prostituant ta bouche au rire du néant,À travers le taillis de la nature énorme,Flairant l’éternité de ton museau difforme,Là, dans l’ombre, à tes pieds, homme, ton chien voit ! je t’entends. Tu dis — Quel deuil ! la bête est peu,L’homme n’est rien. Ô loi misérable ! ombre ! abîme ! —Ô songeur ! cette loi misérable est faut donc tout redire à ton esprit chétif !À la fatalité, loi du monstre captif,Succède le devoir, fatalité de l’ de toutes parts l’épreuve se consomme,Dans le monstre passif, dans l’homme intelligent,La nécessité morne en devoir se changeant ;Et l’âme, remontant à sa beauté première,Va de l’ombre fatale à la libre je te le redis, pour se transfigurer,Et pour se racheter, l’homme doit doit être aveuglé par toutes les quoi, comme l’enfant guidé par des lisières,L’homme vivrait, marchant droit à la est sa puissance et sa voit la rose, et nie ; il voit l’aurore, et doute ;Où serait le mérite à retrouver sa route,Si l’homme, voyant clair, roi de sa volonté,Avait la certitude, ayant la liberté ?Non. Il faut qu’il hésite en la vaste nature,Qu’il traverse du choix l’effrayante aventure,Et qu’il compare au vice agitant son miroir,Au crime, aux voluptés, l’œil en pleurs du devoir ;Il faut qu’il doute ! hier croyant, demain impie ;Il court du mal au bien ; il scrute, sonde, épie,Va, revient, et, tremblant, agenouillé, debout,Les bras étendus, triste, il cherche Dieu partout ;Il tâte l’infini jusqu’à ce qu’il l’y sente ;Alors, son âme ailée éclate frémissante ;L’ange éblouissant luit dans l’homme transparent,Le doute le fait libre, et la liberté, captivité sait ; la liberté suppose,Creuse, saisit l’effet, le compare à la cause,Croit vouloir le bien-être et veut le firmament ;Et, cherchant le caillou, trouve le ainsi que du ciel l’âme à pas lents s’ le monstre, elle expie ; en l’homme, elle ton fauve univers est le forçat de constellations, sombres lettres de feu,Sont les marques du bagne à l’épaule du votre région tant d’épouvante abonde,Que, pour l’homme, marqué lui-même du fer chaud,Quand il lève les yeux vers les astres, là-haut,Le cancer resplendit, le scorpion flamboie,Et dans l’immensité le chien sinistre aboie !Ces soleils inconnus se groupent sur son frontComme l’effroi, le deuil, la menace et l’affront ;De toutes parts s’étend l’ombre incommensurable ;En bas l’obscur, l’impur, le mauvais, l’exécrable,Le pire, tas hideux, fourmillent ; tout au fond,Ils échangent entre eux dans l’ombre ce qu’ils font ;Typhon donne l’horreur, Satan donne le crime ;Lugubre intimité du mal et de l’abîme !Amours de l’âme monstre et du monstre univers !Baiser triste ! et l’informe engendré du pervers,La matière, le bloc, la fange, la géhenne,L’écume, le chaos, l’hiver, nés de la haine,Les faces de beauté qu’habitent des démons,Tous les êtres maudits, mêlés aux vils limons,Pris par la plante fauve et la bête féroce,Le grincement de dents, la peur, le rire atroce,L’orgueil, que l’infini courbe sous son niveau,Rampent, noirs prisonniers, dans la nuit, noir porte, affreuse et faite avec de l’ombre, est lourde ;Par moments, on entend, dans la profondeur sourde,Les efforts que les monts, les flots, les ouragans,Les volcans, les forêts, les animaux brigands,Et tous les monstres font pour soulever le sur cet amas d’ombre, et de crime, et de peine,Ce grand ciel formidable est le scellé de pourquoi, songeur dont la mort est le vœu,Tant d’angoisse est empreinte au front des cénobites !Je viens de te montrer le gouffre. Tu l’ mondes, dans la nuit que vous nommez l’azur,Par les brèches que fait la mort blême à leur mur,Se jettent en fuyant l’un à l’autre des votre globe où sont tant de geôles infâmes,Vous avez des méchants de tous les univers,Condamnés qui, venus des cieux les plus divers,Rêvent dans vos rochers ou dans vos arbres ploient ;Tellement stupéfaits de ce monde qu’ils voient,Qu’eussent-ils la parole, ils ne pourraient en sent quelques-uns frissonner et là les songes vains du bronze et de l’ représente-toi cette sombre figure Ce gouffre, c’est l’égout du mal vient aboutir de tous les points du cielLa chute des punis, ténébreuse cette profondeur, morne, âpre, infortunée,De chaque globe il tombe un flot vertigineuxD’âmes, d’esprits malsains et d’être vénéneux,Flot que l’éternité voit sans fin se étoile au front d’or qui brille, laisse pendreSa chevelure d’ombre en ce puits immortelle, vois, et frémis en voyant Voilà le précipice exécrable où tu ! qui que vous soyez, qui passez dans ces ombres,Versez votre pitié sur ces douleurs sans fond !Dans ce gouffre, où l’abîme en l’abîme se fond,Se tordent les forfaits, transformés en supplices,L’effroi, le deuil, le mal, les ténèbres complices,Les pleurs sous la toison, le soupir expiréDans la fleur, et le cri dans la pierre muré !Oh ! qui que vous soyez, pleurez sur ces misères !Pour Dieu seul, qui sait tout, elles sont nécessaires ;Mais vous pouvez pleurer sur l’énorme cachotSans déranger le sombre équilibre d’en haut !Hélas ! hélas ! hélas ! tout est vivant ! tout pense !La mémoire est la peine, étant la ! comme ici l’on souffre et comme on se souvient !Torture de l’esprit que la matière tient !La brute et le granit, quel chevalet pour l’âme !Ce mulet fut sultan, ce cloporte était est un exilé, la roche est un que, quelque part, par hasard, quelqu’un ritQuand ces réalités sont là, remplissant l’ombre ?La ruine, la mort, l’ossement, le décombre,Sont vivants. Un remords songe dans un l’œil profond qui voit, les antres sont des ! le cygne est noir, le lys songe à ses crimes ;La perle est nuit ; la neige est la fange des cimes ;Le même gouffre, horrible et fauve, et sans abri,S’ouvre dans la chouette et dans le colibri ;La mouche, âme, s’envole et se brûle à la flamme ;Et la flamme, esprit, brûle avec angoisse une âme ;L’horreur fait frissonner les plumes de l’oiseau ;Tout est fleurs souffrent sous le ciseau,Et se ferment ainsi que des paupière closes ;Toutes les femmes sont teintes du sang des roses ;La vierge au bal, qui danse, ange aux fraîches couleurs,Et qui porte en sa main une touffe de fleurs,Respire en soupirant un bouquet d’ sur les laideurs et les ignominies,Pleurez sur l’araignée immonde, sur le ver,Sur la limace au dos mouillé comme l’hiver,Sur le vil puceron qu’on voit aux feuilles pendre,Sur le crabe hideux, sur l’affreux scolopendre,Sur l’effrayant crapaud, pauvre monstre aux doux yeux,Qui regarde toujours le ciel mystérieux !Plaignez l’oiseau de crime et la bête de que Domitien, césar, fit avec joie,Tigre, il le continue avec horreur. Verrès,Qui fut loup sous la pourpre, est loup dans les forêts ;Il descend, réveillé, l’autre côté du rêve ;Son rire, au fond des bois, en hurlement s’achève ;Pleurez sur ce qui hurle et pleurez sur ces tombeaux vivants, masqués d’obscurs arrêts,Penchez-vous attendri ! versez votre prière !La pitié fait sortir des rayons de la le louveteau, plaignez le matière, affreux bloc, n’est que le lourd monceauDes effets monstrueux, sortis des sombres pitié. Voyez des âmes dans les ! le cabanon subit aussi l’écrou ;Plaignez le prisonnier, mais plaignez le verrou ;Plaignez la chaîne au fond des bagnes insalubres ;La hache et le billot sont deux êtres lugubres ;La hache souffre autant que le corps, le billotSouffre autant que la tête ; ô mystères d’en haut !Ils se livrent une âpre et hideuse bataille ;Il ébrèche la hache, et la hache l’entaille ;Ils se disent tout bas l’un à l’autre Assassin !Et la hache maudit les hommes, sombre essaim,Quand, le soir, sur le dos du bourreau, son ministre,Elle revient dans l’ombre, et luit, miroir sinistre,Ruisselante de sang et reflétant les cieux ;Et, la nuit, dans l’étal morne et silencieux,Le cadavre au cou rouge, effrayant, glacé, blême,Seul, sait ce que lui dit le billot, tronc ! que la terre est froide et que les rocs sont durs !Quelle muette horreur dans les halliers obscurs !Les pleurs noirs de la nuit sur la colombe blancheTombent ; le vent met nue et torture la branche ;Quel monologue affreux dans l’arbre aux rameaux verts !Quel frisson dans l’herbe ! Oh ! quels yeux fixes ouvertsDans les cailloux profonds, oubliettes des âmes !C’est une âme que l’eau scie en ses froides lames ;C’est une âme que fait ruisseler le ! l’univers est hagard. Chaque soir,Le noir horizon monte et la nuit noire tombe ;Tous deux, à l’occident, d’un mouvement de tombe,Ils vont se rapprochant, et, dans le firmament,Ô terreur ! sur le joug, écrasé lentement,La tenaille de l’ombre effroyable se ! les berceaux font peur. Un bagne est dans un pitié, vous tous et qui que vous soyez !Les hideux châtiments, l’un sur l’autre broyés,Roulent, submergeant tout, excepté les on voit passer dans ces profondeurs noires,Comme un rayon lointain de l’éternel amour ;Alors, l’hyène Atrée et le chacal Timour,Et l’épine Caïphe et le roseau Pilate,Le volcan Alaric à la gueule écarlate,L’ours Henri huit, pour qui Morus en vain pria,Le sanglier Selim et le porc Borgia,Poussent des cris vers l’Être adorable ; et les bêtesQui portèrent jadis des mitres sur leurs têtes,Les grains de sable rois, les brins d’herbe empereurs,Tous les hideux orgueils et toutes les fureurs,Se brisent ; la douceur saisit le plus farouche ;Le chat lèche l’oiseau, l’oiseau baise la mouche ;Le vautour dit dans l’ombre au passereau Pardon !Une caresse sort du houx et du chardon ;Tous les rugissements se fondent en prières ;On entend s’accuser de leurs forfaits les pierres ;Tous ces sombres cachots qu’on appelle les fleursTressaillent ; le rocher se met à fondre en pleurs ;Des bras se lèvent hors de la tombe dormante ;Le vent gémit, la nuit se plaint, l’eau se lamente,Et, sous l’œil attendri qui regarde d’en haut,Tout l’abîme n’est plus qu’un immense ! espérez ! espérez, misérables !Pas de deuil infini, pas de maux incurables,Pas d’enfer éternel !Les douleurs vont à Dieu comme la flèche aux cibles ;Les bonnes actions sont les gonds invisiblesDe la porte du deuil est la vertu, le remords est le pôleDes monstres garrottés dont le gouffre est la geôle ;Quand, devant Jéhovah,Un vivant reste pur dans les ombres charnelles,La mort, ange attendri, rapporte ses deux ailesÀ l’homme qui s’en enfers se refont édens ; c’est là leur globe est un oiseau que le mal tient et je vous le dis,Les vertus, parmi vous, font ce labeur augusteD’augmenter sur vos fronts le ciel ; quiconque est justeTravaille au approche. Espérez. Rallumez l’âme éteinte !Aimez-vous ! aimez-vous ! car c’est la chaleur sainte,C’est le feu du vrai sombre univers, froid, glacé, pesant, réclameLa sublimation de l’être par la flamme,De l’homme par l’ dans l’océan d’ombre que Dieu domine,L’archipel ténébreux des bagnes s’illumine ;Dieu, c’est le grand aimant ;Et les globes, ouvrant leur sinistre prunelle,Vers les immensités de l’aurore éternelleSe tournent lentement !Oh ! comme vont chanter toutes les harmonies,Comme rayonneront dans les sphères béniesLes faces de clarté,Comme les firmaments se fondront en délires,Comme tressailleront toutes les grandes lyresDe la sérénité,Quand, du monstre matière ouvrant toutes les serres,Faisant évanouir en splendeurs les misères,Changeant l’absinthe en miel,Inondant de beauté la nuit diminuée,Ainsi que le soleil tire à lui la nuéeEt l’emplit d’arcs-en-ciel,Dieu, de son regard fixe attirant les ténèbres,Voyant vers lui, du fond des cloaques funèbresOù le mal le pria,Monter l’énormité bégayant des louanges,Fera rentrer, parmi les univers archanges,L’univers paria !On verra palpiter les fanges éclairées,Et briller les laideurs les plus désespéréesAu faîte le plus haut,L’araignée éclatante au seuil des bleus pilastresLuire, et se redresser, portant des épis d’astres,La paille du cachot !La clarté montera dans tout comme une sève ;On verra rayonner au front du bœuf qui rêveLe céleste croissant ;Le charnier chantera dans l’horreur qui l’encombre,Et sur tous les fumiers apparaîtra dans l’ombreUn Job resplendissant !Ô disparition de l’antique anathème !La profondeur disant à la hauteur Je t’aime !Ô retour du banni !Quel éblouissement au fond des cieux sublimes !Quel surcroît de clarté que l’ombre des abîmesS’écriant Sois béni !On verra le troupeau des hydres formidablesSortir, monter du fond des brumes insondablesEt se transfigurer ;Des étoiles éclore aux trous noirs de leurs crânes,Dieu juste ! et, par degrés devenant diaphanes,Les monstres s’azurer !Ils viendront, sans pouvoir ni parler ni répondre,Éperdus ! on verra des auréoles fondreLes cornes de leur front ;Ils tiendront dans leur griffe, au milieu des cieux calmes,Des rayons frissonnants semblables à des palmes ;Les gueules baiseront !Ils viendront ! ils viendront ! tremblants, brisés d’extase,Chacun d’eux débordant de sanglots comme un vase,Mais pourtant sans effroi ;On leur tendra les bras de la haute demeure,Et Jésus, se penchant sur Bélial qui pleure,Lui dira C’est donc toi !Et vers Dieu par la main il conduira ce frère ;Et, quand ils seront près des degrés de lumièrePar nous seuls aperçus,Tous deux seront si beaux, que Dieu dont l’œil flamboieNe pourra distinguer, père ébloui de joie,Bélial de Jésus !Tout sera dit. Le mal expirera, les larmesTariront ; plus de fers, plus de deuils, plus d’alarmes ;L’affreux gouffre inclémentCessera d’être sourd, et bégaiera Qu’entends-je ?Les douleurs finiront dans toute l’ombre ; un angeCriera Commencement !
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